Qu'est ce que le harcèlement moral au travail, êtes vous victime d'un manipulateur et comment peut on vous accompagner ?
Le harcèlement moral c'est quoi ?
Le harcèlement moral se manifeste par des agissements répétés pouvant entraîner, pour la personne qui les subit, une dégradation de ses conditions de travail pouvant aboutir à
- une atteinte à ses droits et à sa dignité,
- ou une altération de sa santé physique ou mentale,
- ou une menace pour son évolution professionnelle.
Si vous êtes victime de harcèlement moral, vous pouvez bénéficier de la protection de la loi, que vous soyez salarié, stagiaire ou apprenti, fonctionnaire titulaire, contractuel ou stagiaire.
Ces agissements sont interdits, même en l'absence de lien hiérarchique entre vous et l'auteur des faits.
Exemple :
- Insultes régulières et répétées
- Communications ou messages téléphoniques intempestifs
- Réflexions déplacées vis à vis d'un genre
- Menaces de licenciement
- Retrait de mission
extrait de servicepublic.fr
"Quand une personne se plaint d’être victime de harcèlement moral, elle se base sur un ressenti qui peut ne pas correspondre aux définitions scientifiques ou légales acceptées localement. Une définition précise et acceptée par tous est essentielle, à la fois pour permettre une détection et une prévention efficace du processus, mais aussi pour éviter les fausses allégations. Or, cette définition est d’autant moins simple à établir que les spécialistes internationaux qui ont travaillé sur ce sujet ont, au départ, abordé le phénomène par des angles différents. Brodsky1 avait défini le harcèlement comme « des agissements répétés ayant pour but de tourmenter, d’épuiser ou de frustrer une personne ou bien encore de la provoquer, de l’effrayer, l’intimider ou l’embarrasser. »
L’Organisation internationale du travail (OIT) le définissait comme suit en 1998 : « la personne qui se comporte de cette façon cherche à rabaisser l’autre en utilisant des moyens vindicatifs, cruels, malicieux ou humiliants à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de travailleurs. Le harcèlement moral se produit lorsque plusieurs personnes s’allient pour persécuter tel ou tel collègue par un harcèlement psychologique qui peut prendre les formes suivantes : faire constamment des remarques négatives sur cette personne ou la critiquer sans arrêt, l’isoler en la laissant sans contact social et médire ou diffuser de fausses informations sur elle3 ». Quant à moi, j’ai choisi de retenir une définition qui tient compte des conséquences de ces agissements sur la personne ciblée : le harcèlement moral au travail se définit comme toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’un salarié, mettant en péril son emploi, ou dégradant le climat de travail. "
Extrait de Hirigoyen, Marie-France . Le harcèlement moral au travail
En France, un texte de loi est venu fixer sa définition du harcèlement moral afin de pouvoir le sanctionner. Désormais, le harcèlement moral est « un ensemble d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ». Le législateur a choisi de ne pas nommer les agissements, ce qui aurait été trop restrictif, laissant aux juges de fond un pouvoir souverain d’appréciation. Il s’appuie beaucoup plus sur les conséquences du harcèlement que sur ses causes et sa nature.
Trois facteurs se retrouvent dans toutes les définitions : les agissements doivent être répétés ; ils impliquent une relation complémentaire : soit le harceleur instaure une inégalité, soit il renforce celle préexistante (lien hiérarchique ou lien de subordination), afin de mieux dominer ; il n’est pas nécessaire que ces agissements soient intentionnels.
Extrait de Hirigoyen, Marie-France Le harcèlement moral au travail
Comment agit la personne qui vous harcèle ?
1. Les agissements hostiles. – Dans le but de faire des recherches statistiques, Heinz Leymann avait établi une liste de 45 agissements hostiles, qu’il avait regroupés en cinq catégories :
empêcher la victime de s’exprimer ; isoler la victime ; déconsidérer la personne auprès de ses collègues ; discréditer la victime dans son travail ; compromettre la santé de la personne.
Pour ma part, j’ai préféré regrouper ces agissements non désirés en quatre types.
(A) Isolement et refus de communication. – Pour que le harcèlement puisse se mettre en place, il faut isoler la cible de façon à ce qu’elle ne trouve pas de défense auprès de ses collègues. Ensuite les agissements visent à l’isoler encore plus jusqu’à ce qu’elle soit exclue de son groupe d’appartenance. – L’isolement peut être mis en place par la hiérarchie. Dans ce cas, cela se manifeste le plus souvent sous la forme d’une mise au placard réelle ou symbolique. On prive alors la personne de son travail ou bien on l’installe dans un bureau isolé sans aucune tâche intéressante à faire, on ne la convie pas aux réunions, on interdit à ses collègues de lui parler. – L’isolement peut également être l’œuvre des collègues qui mettent la personne en quarantaine, qui l’ignorent, refusent de déjeuner avec elle ou ne l’invitent pas à un pot de départ.
De toute façon, quelle que soit l’origine de ce refus de communication, on ne parle plus à la personne ciblée, on ne la regarde plus, on n’échange avec elle que par notes de service. Les personnes ciblées disent avoir le sentiment de ne plus exister, d’être devenues transparentes. Elles peuvent alors avoir envie de disparaître, au sens propre du terme. Cette « conspiration du silence », faite d’ostracisme et d’exclusion, constitue une mort sociale car, pour exister, on a besoin d’être reconnu, d’appartenir à un groupe. C’est en cela que le harcèlement moral est une pathologie de la solitude.
(B) Atteinte aux conditions de travail. – Dans un processus de harcèlement moral, il ne s’agit aucunement de critiquer un travail qui serait mal fait, mais au contraire de se servir du prétexte du travail pour disqualifier ou piéger une personne.
Quand le harcèlement vient des collègues, il peut s’exprimer par le sabotage d’une tâche déjà accomplie ou encore le fait de ne pas prévenir d’une réunion. Quand le harcèlement vient de la hiérarchie, il se traduit, par exemple, par la prescription d’objectifs inatteignables ou irréalistes, le fait de ne pas donner de travail à faire alors que les collègues sont débordés, celui de donner à faire un travail inutile, ou encore la demande de refaire une tâche déjà parfaitement exécutée. Parfois, les agissements sont plus subtils et consistent à ne pas donner accès aux éléments utiles à la réalisation d’une tâche, ou à donner des consignes confuses et contradictoires de façon à embrouiller la personne. Le harcèlement sera difficile à prouver quand il consiste à ne pas reconnaître la qualité du travail accompli par un salarié, ou à sanctionner de façon injustifiée des faits anodins.
Cette atteinte aux conditions de travail peut également passer par le contrôle systématique des communications téléphoniques, la vérification des tiroirs, casiers ou poubelles, le contrôle de la durée des pauses, des absences, le contrôle des conversations et des relations avec les collègues. Cette sorte de flicage est destinée à marquer ostensiblement une méfiance vis-à-vis de la personne ciblée. D’une façon générale, surtout si la personne visée est très scrupuleuse, en attaquant sa conscience professionnelle, on attaque également son identité. On l’amène ainsi à perdre confiance en elle, pour que, au bout du compte, elle se disqualifie elle-même.
(C) Les attaques personnelles. – Elles cherchent à atteindre l’identité de la personne ciblée au travers d’attitudes humiliantes, de propos offensants, de calomnies ou de rumeurs malveillantes. On disqualifie la personne, on l’affuble de noms méprisants, on la discrédite auprès des collègues ou de la hiérarchie, on se moque d’elle, on tient des propos machistes, sexistes, racistes ou bien on l’injurie. Dans le harcèlement, ce n’est pas le professionnel que l’on vise, mais l’individu afin de le disqualifier. Consciemment ou non, le harceleur repère les fragilités et les valeurs de la personne ciblée pour ensuite viser ses points faibles et attaquer là où ça fait mal. Dans le harcèlement moral, on attaque l’humain en l’autre. Il n’est plus qu’un objet utilisable ou simplement gênant. Ce sont les attaques à la dignité qui ont les plus graves conséquences sur la santé psychique des personnes ciblées. Ces dernières me disent combien les injures et les humiliations laissent une trace indélébile. Très souvent, elles incorporent ces attaques au point de devenir leur propre persécuteur à travers la honte et la culpabilisation.
(D) Les intimidations. – Ce sont des manifestations d’hostilité ou de violence qui visent à terroriser la personne ciblée afin qu’elle se soumette ou qu’elle parte. Cela peut se faire par des menaces de représailles, du chantage, parfois même par de la violence physique (bousculades) ou des atteintes aux biens (abîmer les vêtements dans le vestiaire par exemple).
Extrait de Hirigoyen, Marie-France Le harcèlement moral au travail
Etes vous victime de harcèlement moral ?
Si vous recenser 14 critères sur 30, vous pouvez établir un constat de harcèlement moral.
il utilise des flatteries pour nous plaire, fait des cadeaux ou se met soudain aux petits soins pour nous. | Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège). | Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui. |
Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas faites de notre propre gré. | Il est constamment l’objet de discussions entre gens qui le connaissent, même s’il n’est pas là. | Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion. |
Il est égocentrique. | Il peut être jaloux même s’il est un parent ou un conjoint. | Il ne supporte pas la critique et nie des évidences. |
Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres. | Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui. | Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes, ses actes ou son mode de vie répondent au schéma opposé. |
Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins (notion d’humanité, de charité, racisme, «bonne» ou «mauvaise» mère, etc.) | Il menace de façon déguisée ou fait un chantage ouvert. | Il change carrément de sujet au cours d’une conversation. |
Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire à sa supériorité. | Il ment. | Il prêche le faux pour savoir le vrai, déforme, interprète. |
Il culpabilise les autres, au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle, etc. | Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses propres responsabilités. | Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et ses opinions. |
Il répond très souvent de façon floue. | Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations. | Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes. |
Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et aux questions. | Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres; il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge. | Il fait faire ses messages par autrui ou par ses intermédiaires (téléphone au lieu du face à face, laisse des notes écrites). |
Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner et peut provoquer la rupture d’un couple | Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne (maladie exagérée, entourage «difficile», surcharge de travail, etc.) | Il ignore les demandes (même s’il dit s’en occuper). |
Extrait de psy-coach.fr
Les symptômes que l'on peut voir chez une personne victime de harcèlement
Dans un premier temps
Sentiment d’épuisement et de fatigue chronique. Baisse de l’estime de soi, sentiment de culpabilité et de honte pouvant évoluer vers une dépression.
À moyen terme
Possible apparition d’une névrose traumatique : retour en boucle de scènes traumatisantes ou humiliantes, angoisse avec manifestations physiques, terreur à l’idée d’aller au travail, cauchemars, insomnie, troubles de la mémoire ou de l’attention, sentiment de culpabilité et de honte, position défensive de justification…
À long terme
Éventuelles atteintes profondes de la personnalité : bouffées délirantes, dépression grave, paranoïa, désorganisation psychosomatique, conduites addictives, tendances suicidaires pouvant aller jusqu’au suicide.
Extrait de cuidam.fr
Quelques conseils à appliquer en parallèle d'un accompagnement par un professionnel
1. Exercices de respiration profonde : La respiration profonde peut vous aider à vous détendre et à réduire le stress. Prenez quelques minutes chaque jour pour vous asseoir confortablement, fermez les yeux et inspirez profondément par le nez, en remplissant votre abdomen d'air. Expirez lentement par la bouche. Répétez cet exercice pendant quelques minutes.
2. Exercices de relaxation musculaire : La relaxation musculaire progressive peut vous aider à relâcher les tensions dans votre corps. Commencez par contracter et relâcher chaque groupe musculaire, en commençant par les pieds et en remontant jusqu'à la tête. Concentrez-vous sur la sensation de détente à mesure que vous relâchez chaque muscle.
3. Exercices de visualisation positive : La visualisation positive peut vous aider à renforcer votre estime de soi et à vous sentir plus fort face au harcèlement moral. Fermez les yeux et imaginez-vous dans une situation où vous vous sentez en sécurité, confiant et soutenu. Visualisez-vous en train de faire face au harcèlement avec calme et assurance.
4. Exercices de journalisation : Prenez le temps d'écrire vos pensées et vos émotions liées au harcèlement moral. Cela peut vous aider à clarifier vos sentiments et à trouver des solutions. Écrivez également vos forces, vos réalisations et vos objectifs pour renforcer votre confiance en vous.
5. Exercices de renforcement de l'estime de soi : Faites une liste de vos qualités, de vos compétences et de vos réalisations. Répétez ces affirmations positives chaque jour pour renforcer votre estime de soi. Entourez-vous également de personnes positives et encourageantes qui vous soutiennent.
6. Exercices de gestion du stress : Trouvez des activités qui vous aident à vous détendre et à réduire le stress, comme le yoga, la méditation, la marche en nature ou l'écoute de musique apaisante. Faites de ces activités une priorité dans votre emploi du temps.
7. Exercices de communication assertive : Apprenez à vous exprimer de manière assertive et à fixer des limites claires avec les personnes qui vous harcèlent. Pratiquez des phrases telles que "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites" ou "Je ne tolérerai pas ce comportement".
8. Exercices de soutien social : Cherchez du soutien auprès de personnes de confiance, comme des amis, des membres de votre famille ou des groupes de soutien en ligne. Partagez vos expériences et vos émotions avec eux et demandez leur soutien.
N'oubliez pas que ces exercices peuvent vous aider à renforcer votre résilience et à faire face au harcèlement moral, mais il est également important de chercher de l'aide professionnelle si nécessaire. Un thérapeute ou un conseiller peut vous aider à développer des stratégies supplémentaires pour faire face à cette situation difficile.
Comment je peux vous accompagner ?
Il est évident que chaque accompagnement sera spécifique à vos besoins et personnalisé en fonction de votre vécu. J'utiliserais la ou les techniques les plus appropriées, en fonction de mon évaluation de la situation.
Il sera essentiel de vous donner au début de votre accompagnement les clés pour affronter la situation. Un travail sur la gestion de vos symptômes, les gestion du stress et des vos émotions apparaît comme essentiel.
Une fois que votre état sera stabilisé, un travail sur le lien à votre persécuteur sera proposé et en fonction de l'histoire de vie de chacun, un travail approfondi de compréhension et de décodage de la situation vous sera proposée. Il est fort propable qu'au regard de votre histoire personnelle et d'enfance, il y ait des traumatismes à travailler qui vous aient amenés là où vous êtes, à vivre cette situation (blessures de l'enfance, triangle dramatique de Karpman). Il est très probable que vous ayez des schémas de fonctionnement à déprogrammer au regard de votre enfance. Sans ce travail en profondeur, ceux-ci perdureront et se reproduiront. Mon travail est également de vous aider à comprendre les choses, à travailler les problèmes à la source et vous aider à transcender les choses.
Très souvent un travail de renforcement des ressources positives est à proposer en fin d'accompagnement (confiance en soi, estime de soi, affirmation de soi . . . ).